11 juin 2011

Shamablanca – Sonia TERRAB

4ème de couverture :
« Marchons. Du chaabi à l’électro, des chikhates au funk, marchons en groupe, jamais trop loin, d’un lieu à l’autre, du verre à la coke, de la coke au joint. Marchons dans Casa la folle, Casa la bête, Casa la grosse. Tuons le temps avant qu’il ne nous saigne tous, buvons à demain, aux rires en coin, au même refrain, au vide commun. Levons ces verres que seule la nuit autorise et dansons aussi. Dans la sueur,sur les tables, sous les chaises, dansons, avant le jour, avant la scène, entre deux rives, entre deux vies. »

Le tout premier roman de cette jeune marocaine de 26ans, étudiante, journaliste  et pour le coup écrivain également.
Après 7 ans passés à Paris, vient le moment de trancher, rentrer au pays de l’éternel soleil, bousculer sa vie parisienne frénétique, pour s’installer « chez soi » ? Sur un coup de tête ce fut la décision de Shama l’héroïne sauf que rien ni personne ne l’avait prévenu de cette crise identitaire qui allait désormais troubler son existence
Shama  est à l’image de Sonia, une projection, un personnage, une voix pour extérioriser la détresse de milliers de marocains des temps modernes. Leur frustration, perplexité entre traditions et modernité, conformisme et rébellion.
On s’y projette volontiers, on vit le temps d’une centaine de pages au rythme d’une écriture qui trouve les mots à notre malaise commun, qui décèle les maux d’une société qui se détruit à trop vouloir se construire comme on voudrait qu’elle soit. Le style est soigné, recherché, les jeux de mots amusent, et donnent envie d’en lire encore plus. La composition du roman est intéressante, orchestrée de dialogues, de messages texte échangés par les personnages, et même de passages scénarisés.
Casablanca, cette ville tentaculaire, sert de toile  de fond à la course de Shama vers la liberté, la révolte et son besoin de dire NON ! mais toujours en silence, sans trop déranger ou choquer…pour Shama, Casablanca est une jungle, dense et dangereuse, encore plus pour une jeune femme décomplexée, l’acte de marcher seule dans la rue serait un acte courageux.
Ce qui m’a le plus touché dans ce premier bébé de Sonia Terrab, est sans aucun doute sa plume crue, sans détours ni autocensure. Aucune excuse pour ne pas dévorer ce petit bijou de la littérature sans attendre.
Extraits :
" Hamza est un Marocain moyen à tous les niveaux, sauf pécuniaire, à la simplicité cubique: famille, dieu, patrie. Un mec à lunettes dissimulé derrière ses certitudes: étudier, travailler, faire plaisir à sa mère, se marier, construire une maison, acheter une voiture, engendrer, acheter une plus grosse voiture, amasser un pécule, prendre une assurance, un crédit, des crédits, une autre assurance, prier, racheter ses péchés, mourir. En cours de route, oublier de vivre..." 
« Toutes des faux-jetons. Toutes des hypocrites. Une bande de connes dégénérées qui ne se renouvellent pas. Une bande de tarées qui pètent plus haut que tous les culs réunis...Elle me foutent la rage...Celle-là d'abord, 28 ans, la Rolex qui pue, le mariage qui tue, établie et donc autorisée ne pas la fermer "alors chérie, c'est quand ton tour? il ne reste plus que toi... » 

Shamablanca – Sonia Terrab, Ed.Séguier, 15euros



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1 commentaires:

Coso22 a dit…

parfait , " casa la folle , casa la bête , casa la grosse " ces mots m'invitent à acheter le roman pour regarder casa par les yeux de chama...

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