09 juillet 2012

Georges PEREC - Les Choses


Ce livre est l'histoire d'un couple : Jérôme et Sylvie, un couple des années 60, parisiens fidèles au stéréotype : appartement étriqué mais charmant, bibliothèques croulant sous les livres, meubles chinés ici et là chez des petits antiquaires ou au marché aux puces. Les deux sont enquêteurs commerciaux, ils parcourent la France pour rassembler toutes sortes de statistiques : quelle marque de brosse à dents les gens du nord préfèrent, est-ce qu'en Loire-Atlantique, on préfère le café ou la chicorée le matin... Ce métier leur laissait le luxe de la liberté, cela faisait d'eux des résistants face à "l'installation" : un poste fixe, des horaires inflexibles, des responsabilités... Ils pouvaient, gré de leurs envies se laisser happer par les rues de la capitale ou déambuler paisiblement au parc du Luxembourg. Toutefois, Jérôme et Sylvie avaient pour ultime aspiration, le bonheur, un état qui ne pouvait, leur semblait-il, être atteint qu'en ayant ce dont ils rêvaient : cela impliquait de l'habit anglais, du beau mobilier restauré, des escapades en campagne, de longs apéros suivis de repas entre copains dans de petits restaurants chaleureux, ils discuteront de livres, de mode et de la chance qu'ils ont encore de mener ce train de vie. Seulement, ce n'est jamais assez, l'insatisfaction chronique pointe son nez, et leur appartement leur semble minuscule, leur garde-robe dégarnis, leurs meubles, sans valeur...

En lisant ce livre, on en arrive à palper ce ressenti du manque, de l'insatisfaction de Jérôme et Sylvie, on n'apprend pas tant que ça à les connaitre, on est loin de se sentir intime avec. Leur profil est dressé assez rapidement, plus comme un modèle de toute une génération. Toutefois, Perec arrive à nous implanter dans leur intérieur, une minutie particulière est apportée à la description des choses. Ce n'est pas anodin, on en ressent un vrai exercice de style que l'auteur prend du plaisir à accomplir. De par sa contribution à l'Ouvroir de Littérature Potentielle (OuLiPo) aux côté de Raymond Queneau, on comprend que Perec écrit pour la beauté de l'écriture, non pas en faisant fi de l'histoire mais presque.





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